Ce vendredi 20 Mai, les élèves de la classe de troisième C ont eu l’opportunité de partager un moment d’échange avec Olga Annenko, dramaturge, scénariste, metteure en scène et professeure à l’université des arts et du cinéma de Kiev. L’objet de cette rencontre était d’évoquer les enjeux et les caractéristiques du métier de dramaturge et de metteur en scène puis d’aborder quelques aspects de la pièce étudiée en cours de français ; Antigone de Jean Anouilh.
Arrivée au collège avec, raconte-t-elle, son ordinateur et l’unique sac à dos qu’elle a pu prendre avec elle au moment du départ de Kiev, Olga Annenko a d’abord tenu à se présenter à nous en français, langue qu’elle pratique depuis à peine quelques semaines.
Devant des élèves attentifs et appliqués, l’échange s’est ensuite bien vite instauré en anglais et Olga a commencé par présenter sept pièces de son répertoire, permettant aux élèves de prendre conscience du lien très fort qui existe entre l’expérience de vie de l’auteur, son entourage, mais aussi le contexte dans lequel il vit, et les thématiques abordées au sein de ses œuvres. De thématiques induites par les intérêts culturels personnels de notre dramaturge aux commandes d’amies actrices en passant par l’écriture de longs monologues imposés par les nécessités sanitaires de la crise covid, nous avons aussi pu aborder les techniques et difficultés d’écriture, lorsqu’il s’agit par exemple de faire parler un personnage aussi éloigné et étranger qu’un robot. Grâce aux photos de représentations diffusées et commentées par Olga, nos jeunes lecteurs-spectateurs ont aussi pu prendre la mesure de l’importance de la signification symbolique du décor, véritable personnage d’une représentation.
A l’issue de cette première partie, Olga Annenko a souhaité aborder par la suite la pièce étudiée par les élèves qui lui faisaient face ; Antigone de Jean Anouilh. Elle a alors commencé par expliquer la manière dont elle aborde en tant que lectrice, un texte de théâtre qu’elle n’a pas écrit. Après une lecture d’un trait, elle note ses premières impressions de lecture et ses premières interprétations personnelles avant de s’intéresser de près aux circonstances qui ont vu la naissance de l’œuvre. Invitant les élèves à porter leur attention sur des points de détails de la pièce d’Anouilh, elle leur a ainsi expliqué que ses recherches sur la deuxième guerre mondiale, qui a vu la naissance de l’œuvre, ont créé pour elle une analogie très forte entre le personnage d’Antigone et la toute jeune Audrey Hepburn, souffrant de malnutrition et espionnant les allemands pour le compte de la résistance néerlandaise. L’issue fatale du personnage entourée d’une famille rompue à la loi du plus fort et refusant d’être sauvée pour aller volontairement vers la mort devient alors un geste de liberté pour échapper à l’asservissement auquel, son oncle Créon, symbole de l’oppression, la condamne de toute façon.
Achevant ici notre entretien, Olga invite les jeunes à relire l’œuvre avec un œil nouveau : Ne croyez-vous pas qu’Antigone pourrait être l’alliée de Polynice bien avant le début de la pièce ? leur lance-t-elle en cherchant à piquer leur curiosité.
Au-delà de l’enrichissement que cet évènement a pu apporter à nos futurs lycéens en termes de connaissances des problématiques théâtrales, cet échange en anglais avec Olga, et avec le concours vital de Madame Boissard, professeur d’anglais de la classe, a aussi permis d’expérimenter l’enjeu d’une langue qui nous a offert à tous la possibilité de communiquer avec humilité et bienveillance, permettant ainsi une réelle rencontre. Ce moment privilégié a aussi été l’occasion pour Olga de transmettre un bien joli message à nos jeunes en formation : « S’il y a une chose dans laquelle vous devez investir sans compter votre argent, votre temps et votre énergie, leur a-t-elle dit, c’est votre éducation ! Car c’est la seule chose qu’on ne pourra jamais vous prendre. »
Olga Annenko continue d’enseigner depuis la France en faisant cours à ses étudiants en visioconférence. Elle poursuit aussi son activité de dramaturge et de metteure en scène puisqu’une de ses créations sera donnée en représentation à Niort les 8 et 15 Octobre prochains au théâtre Jean Richard à Niort – notre rencontre ayant d’ailleurs été l’occasion de nous faire le cadeau d’en proposer une lecture improvisée des premières pages traduites en français.
Un immense merci à elle d’avoir accepté de partager si humblement et simplement son expérience extraordinaire et un immense merci aux élèves de troisième C qui se sont montrés si réceptifs et attentifs à ce qu’elle souhaitait vivement leur transmettre.
Virginie Lauroua